Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 12 janvier 2012

SONDAGE ET POLITIQUE : LE BOCAL

Résumé : L’action politique est réduite à l’étude des sondages, la politique est réduite à l’action publicitaire, le politicien est réduit à vendre des aspirateurs et des encyclopédies au porte-à-porte.

 

 

Le problème de la politique, en France plus qu’ailleurs du fait de particularités particulières, c’est que deux entreprises se partagent le marché, et que chacune aimerait bien grignoter la part de l’autre, ou des T. P. E. (très petites entreprises) qui font semblant de jouer le même match. Tout ce qui s’appelle « vie politique » en France, est accaparé par deux usines, dont chacune prétend régner à elle seule sur le marché. Non, je devrais dire deux entreprises complices dans ce qu’on peut appeler un délit d’entente illicite.

 

 

Les produits ne sont pas très différents l’un de l’autre. Plus de social et de redistributif pour bien claironner qu’on est « à gauche ». Plus de sécuritaire et de libéral pour que l’image de marque de « la droite » soit aussitôt identifiée et mémorisée. Mais à part ces petits « marqueurs identitaires », allez, soyez sympas, dites-moi ce qui les différencie, les deux V. R. P. ? Rien ! Que dalle ! Pas lerche ! Peau de zébi !

 

 

La trublionne cataloguée sur le bord tout à fait droit de l’échiquier l’a bien compris, et ce n’est pas idiot du tout, de dénoncer l’U. M. P. S. Elle a même raison. A voir la peur qu’elle déclenche à droite et la haine qu’elle déclenche dans les cercles de la bien-pensance de la gauche morale, tiers-mondiste et « solidaire », les lignes de production des usines citées risquent de se trouver bientôt perturbées.

 

 

Le dernier Charlie-Hebdo, un torchon bien dans cette ligne, présentait la semaine dernière, parmi les caricatures des candidats, celui de la fifille à son papa sous la forme d’un énorme étron fumant au beau milieu de la page. C’est facile et rapide : ça évite de se lancer dans d’ennuyeuses et subtiles analyses du phénomène Front National, et de se demander si ce succès annoncé (je demande à voir) ne pousse pas sur le répugnant fumier U. M. P. S.

 

 

Le roquet BRICE COUTURIER, qui aboie sur France Culture dès que la silhouette d’un « facho » se dessine dans le paysage, se demandait, lundi matin (9 janvier), si les deux journalistes du Point (SOPHIE COIGNARD et ROMAIN GUBERT) qui viennent de publier une charge contre L’Oligarchie des incapables, ne « faisaient pas le jeu du Front National ».

 

 

Aboyons le moins possible contre la classe politique vermoulue qui nous gouverne ou y aspire, nous aboie le roquet BRICE COUTURIER, car, chut, ça « fait le jeu du Front National ».

 

 

Il ne vient pas à l’esprit de ce monsieur, habituellement intelligent, raisonnable et parfois percutant, de se demander si ce n’est pas précisément au spectacle offert par les Arlequin, Pantalon et autres Matamore qui nous gouvernent et hantent les plateaux de télé munis de leurs « éléments de langage », que nous devons le pronostic d’un Front National à 30 % publié en une de Libération ce même 9 janvier. 

 

 

C’est vrai que Libération fait fort avec sa une : un gigantesque 30 % (plus de 10 cm) joue les grenades dégoupillées en haut de la page. La phrase apporte un sérieux correctif à l’effet bœuf produit par la maquettage : « 30  % n’exclueraient [sic !] pas de voter Le Pen » (notez la superbe faute sur « exclure », et on est en « une »). Notez la formule « n’excluraient pas » : en clair, ce n’est pas complètement inenvisageable, mais bon, ce n’est pas fait. Notez aussi, bien sûr, le conditionnel.

 

 

Le mot d’ordre de cette une : la montagne de l’image, la souris du résultat. Pour vous en convaincre, jetez un œil en bas de page 3. Vous savez combien ils sont, dans le sondage, à souhaiter la victoire de MARINE LE PEN ? Ils sont 15 %, pas un cheveu de plus. La moitié. Ils sont de plus en plus honnêtes, à Libé. C’est présenté comme un « sondage exclusif ». Bien sûr, coco : tu l’as acheté avec le pognon que je donne pour acheter ta feuille de chou.

 

 

En fin de compte, les sondages tiennent un discours. Les politicasseurs, qui ont lu ce discours, élabore leur propre discours à partir de là, au sujet duquel on va faire des sondages pour tester l’impact du discours, et c’est reparti pour un tour. La machine s’auto-alimente.

 

 

On pourrait même soutenir que la pratique du sondage fabrique du discours qui s’auto-proclame « politique ». Ce que nous disent nos responsables est directement induit de ce que leur apportent les sondages. C’est la machine folle, qui fonctionne pour elle-même, sans considération pour quelque autre réalité. Du fictif qui produit du fictif, qui produit du fictif….

 

 

Ça me fait penser à GOTLIB : « C’est comme le pot-au-feu, c’est meilleur à chaque fois ». C’est dans l’intégrale de la Rubrique-à-brac, page 329. C’est intitulé « La Vache ». L’auteur nous fait partager sa vision épique de la digestion de l’herbe qui se passe dans le circuit compliqué, entre l’estomac de l’animal et la cavité buccale. « Et ça remet ça. – C’est reparti comme en 14. – Ça y va à la manœuvre ».

 

 

Regardez comment réagissent d’un seul élan Protocolaires d’une gauche de plus en plus caviardée, saumonée et faisandée et Thuriféraires d’une droite de plus en plus décomplexée, policière et vaguement putschiste, face au danger « populiste » (voir mes notes des 5 et 6 janvier). Ils ont peur de perdre le monopole (duopole, pour être exact, mais est-ce même si exact ?) des affaires.

 

 

A quoi sert l’énorme 30 % de la une de Libération pour annoncer un score possible du Front National ? A quoi sert d’exploiter les faits divers affreux, bien mis en scène à la télé ? A quoi sert d’exploiter les risques d’explosion de l’euro, d’éclatement de l’Europe ? A quoi sert d’insister sur les bisbilles franco-allemandes auxquelles le peuple ne peut strictement rien ?

 

 

Le but me paraît bien clair et identifiable : la PEUR. Plus je crée un sentiment de peur dans la population, plus j’ai de chances de tirer les marrons du feu. Regardez le déguisement de NICOLAS SARKOZY : après le Père Noël des riches, le voilà Père Courage (pour l’extérieur) et Père Protecteur et Fouettard (pour l’intérieur). Plus j’accentue le contraste entre la peur et NICOLAS SARKOZY, plus je sers à NICOLAS SARKOZY. Pas sûr que ça marche à tous les coups.

 

 

Plus rien à tirer de tout ça.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

 

 

vendredi, 06 janvier 2012

HARO SUR LES POPULISTES ! (fin)

Résumé : gare aux populistes, c’est SARKOZY qui vous le dit.

 

 

 

sarkozy,populisme,politique,france,élection présidentielle,victor orban,communication,e. n. a.,gauche,droite,dominique de villepin,françois hollande,le pen,front national,françois bayrou,françois fillon,jean-françois copé,jean-marie le pen,sophia aram

 

 

 

Rien de tel que « les populismes » (vous ne trouvez pas ça drôle, que les politicloches « convenables » en parlent toujours au pluriel ?) pour faire reluire le rôle de ces premiers de la classe qui nous gouvernent, et qui ont appris à « monter des dossiers » et « monter des projets » dans des écoles spécialisées.

 

 

Dans d’autres écoles spécialisées, on les a entraînés à mettre la bouche en cœur pour débiter leurs mensonges et à ne jamais s’énerver contre un « adversaire » (ou soi-disant tel) sur un plateau de télévision. On leur a dit que « le premier qui s’énerve a perdu » (sous-entendu : perdu tout crédit dans l’opinion des spectateurs, et ça c’est mauvais lors des élections). Ce sont leurs « conseillers en com. » qui leur ont dit. Alors ils se contrôlent.

 

 

D’ailleurs, ils n’ont pas de mal à se contrôler, puisque, il n’y a pas si longtemps, ils étaient assis sur les mêmes bancs de l’E. N. A. Ils sont même à « tu » et à « toi » depuis de si longues années que les escarmouches feutrées auxquelles ils font semblant de se livrer avec leurs complices-adversaires pour faire croire que « tu » est à droite et « toi » à gauche, est un spectacle dont la routine a désormais du mal à faire oublier le feutre dans lequel elles sont emballées.

 

 

Je rappelle que DOMINIQUE DE VILLEPIN, en pleine Assemblée, quand il insulte FRANÇOIS HOLLANDE en l’accusant de « lâcheté », à la première suspension de séance, tous deux se retrouvent à la buvette, bien contents du spectacle qu’ils ont donné au bon peuple. Rien de tel qu’une minute « va-de-la-gueule » pour établir dans l’esprit des populations, d’une part la réalité de l’ « affrontement », et d’autre part la force des « convictions ».

 

 

Mais ils ont malgré tout de plus en plus de mal à faire tenir le masque. Et s’ils arrivent, en s’y mettant à tous, à rassembler un gros tiers de gens qui « y croient » encore (ça veut dire qui vont voter, 56 % d’abstention aux dernières cantonales, plus les blancs et nuls), c’est tout simplement parce qu’il y a beaucoup trop de gens qui regardent la télévision.

 

 

Si on collait aux politicruches l’interdiction de cumuler deux fonctions électives et de renouveler un mandat électif plus d’une fois, en y ajoutant l’obligation du décompte des bulletins blancs comme suffrages exprimés, c’est-à-dire si on vivait dans un régime démocratique, là ils commenceraient à avoir la pétoche, ils commenceraient à ouvrir l’œil et l’oreille sur ce qui se passe dans le monde et dans la population, les politicrottes.

 

 

Mais pour en arriver là, il faut changer la loi. Pour changer la loi, il faut se faire élire au sein d’une majorité. Pour cela, il faut suivre la voie parlementaire, respecter les échelons institutionnels, exécuter les procédures démocratiques. C’est exactement l’histoire de l’œuf et de la poule : si tu veux démocratiser le système, il faut entrer dans le système. Pour entrer dans le système, il faut en accepter les règles. Or, etc.… On n’en sort pas.

 

 

Je n’ai même pas parlé de la façon dont la vie politique est organisée en France. Et je suis obligé de reconnaître que Madame LE PEN touche assez juste en parlant de l’U.M.P.S. (U.M.P. + P.S.). Deux partis trustent les pouvoirs, bien constitués en une seule et unique mafia bien décidée à empêcher les gêneurs d’intervenir dans leurs petits jeux.

 

 

Vous savez ce qui me plairait, le soir du premier tour, et qui me ferait rigoler ? Arrivent en tête Madame LE PEN et FRANÇOIS BAYROU. Je sais, je sais, ça ne change rien au problème de fond de la pauvreté en hommes du personnel politicoq, et par conséquent de sa médiocrité. Mais un bon coup de pied dans la fourmilière U.M.P.S., rien que ça serait jubilatoire.

 

 

En attendant ce drôle de moment drôle, qu’est-ce que c’est, Madame LE PEN ? Qu’est-ce que c’est, JEAN-LUC MELANCHON ? Des repoussoirs. Des épouvantails. Et le mécanisme est d’une simplicité monacale : plus l’épouvantail épouvantera, plus le repoussoir repoussera, plus les FILLON, COPÉ et consorts seront forts. A la limite, les « populistes » ne font pas encore assez peur pour que les autres en face dorment sur leurs deux oreilles en attendant la prochaine élection.

 

 

JEAN-MARIE LE PEN était un autre carnassier, qui avait prouvé son pouvoir de nuisance. La seule chose qui me fasse peur, avec fifille à papa, c’est le gros bras et le front bas qui, caché derrière le rideau, est prêt à sortir au coup de sifflet. La chroniqueuse de France Inter, SOPHIA ARAM, a eu récemment un aperçu de ce à quoi on peut s’attendre. Je me dis, et je ne suis pas sûr que ça me rassure, que ceux d’en face en ont autant à leur service, en cas de besoin.

 

 

En attendant, les populistes sont soigneusement montés en épingle pour servir d’épouvantails et de repoussoirs. Mais je vais vous dire, des populistes comme ça, le 6 février 1934, droite et gauche officielles en auraient rêvé. Tranquilles, les populistes, aujourd’hui, les pieds dans les pantoufles à regarder la télé. C’est bien simple, ce sont des populistes virtuels, qui gueulent peut-être un peu dans quelques meetings, mais qui se contentent de gueuler : « Qu’est-ce qu’on va leur mettre, aux prochaines élections ! ».  Le comble du paradoxe.

 

 

Des vrais populistes, pas des pour-de-rire, vous auriez vu ce qu’ils en auraient fait, des trois millions de manifestants qui battaient le pavé contre la réforme des retraites ! Si de vrais populistes les avaient pris en main, vous croyez que les préfectures et les commissariats auraient pu résister ? Dans « populisme », j’entends forcément l’usage de la force, de la violence. Chaque manifestant est un projectile en puissance.

 

 

Là, qu’est-ce qu’on voit ? Les 5 % annoncés de MELANCHON, les 20 % espérés par MARINE LE PEN, ils attendent sagement l’arme au pied que le jour de l’élection soit arrivé. Franchement, les enfants, arrêtez de vous faire peur !

 

 

Les populistes d’aujourd’hui, ils sont virtuels, comme tout ce qui passe par la télé pour se faire connaître et pour balancer sa propagande. Ils sont aussi neutralisés que tous les autres, du seul fait qu’avant d’entrer sur le plateau, ils passent chez la maquilleuse. Le populisme aujourd’hui, c’est un populisme de média. Le général BOULANGER, en son temps, il n’était pas dans le médiat, mais dans l’immédiat. La foule était prête à suivre. Et s’il a cané au moment fatidique, c’est de son propre écroulement.

 

 

Aujourd’hui, quand la foule est dans la rue à gueuler, les chiens de garde syndicaux sont là pour empêcher tout « débordement ». Tout est « médiatisé » au moyen de deux artefacts : la télé est le plus connu. L’autre est l’urne électorale. La télé, c’est pour tout mouliner en discours et en image, c’est-à-dire en spectacle. L’urne, c’est pour que l’électeur ait l’impression d’être un acteur.  Il y a un troisième média : le syndicat, qui fait semblant de monter à ébullition pour mieux faire retomber la pression.

 

 

Vous verrez ce qui se passera, le jour où le citoyen retrouvera au fond de sa mémoire le souvenir de ce que c’est vraiment, l’action politique.

 

 

En attendant, il faut se contenter des simulacres.

 

 

Pourquoi croyez-vous qu’il n’y a plus d’action politique ?

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

jeudi, 05 janvier 2012

HARO SUR LES POPULISTES !

En parlant de Madame LE PEN et de JEAN-LUC MELANCHON, les premiers de la classe qui nous gouvernent (regardez le parcours scolaire de la plupart !) ont une moue de dédain pour les qualifier de « populistes ». Qu’ès-aco, « populisme » ?

 

 

J’ouvre mon dictionnaire : « Tendance politique qui prétend défendre les intérêts du « peuple » en s’opposant aux institutions et aux méthodes démocratiques, aux médiations traditionnelles, aux « élites » et aux représentants des pouvoirs établis (l’establishment) ; organisation, parti relevant de cette tendance ». Je passe sur le nationalisme, la xénophobie, l’anti-intellectualisme, le charisme du chef, la propagande, tout ça est donné avec le paquet.

 

 

Entre parenthèses, je ne comprends pas en quoi la propagande distingue les populistes des « grands partis démocratiques et républicains ». Pour la France, j’ai plutôt l’impression que ce sont ces deux partis (le B.-B. et le b.-b. : Blanc-Bonnet et bonnet-blanc, connus sous les noms de P. S. et U. M. P.) qui conduisent le char d’assaut (ou le rouleau compresseur) de la propagande.

 

 

Je retiens de la définition, que le populiste s’oppose « aux institutions et aux méthodes démocratiques ». Or qu’est-ce que je vois de mes yeux éberlués ? Monsieur MELANCHON est le candidat officiel du Front de Gauche, parti dûment inscrit auprès de la préfecture, à la prochaine élection présidentielle. Madame LE PEN ? La candidate officielle à la même élection d'un parti qui n'a jamais laissé entrevoir qu'il risquait d'être interdit.

 

 

C'est sans doute la raison qui fait que lorsque Madame LE PEN ou le vice-président du Front National LOUIS ALIOT sont invités aux "matins" de France Culture, tous les roquets du plateau, à commencer par le peut-être démocrate BRICE COUTURIER, de la radio "culturelle" retroussent les babines, montrent les crocs et s'en prennent aux mollets des invités, au point de pratiquer à leur encontre une censure de fait, par le brouillage savamment orchestré de leurs propos (interruptions constantes et multiples, désinvolture et arrogance). Ci-dessous, monsieur BRICE COUTURIER, de France Culture.

 

 

 

marine le pen,jean-luc mélanchon,populisme,régime autoritaire,fascisme,démagogie,politique,xénophobie,nationalisme,front national,front de gauche,parti socialiste,u. m. p.,propagande,louis aliot,brice couturier,facho

 

 

 

On comprend bien que des journalistes veulent donner des gages pour interdire à qui que ce soit de soupçonner des "journalistes" d'avoir quoi que ce soit à voir avec les thèses d'un parti catalogué comme "facho". Je n'aime certes pas le Front National, principalement à cause du Quotient Intellectuel auquel il fait appel pour se procurer des adhérents dans le Supermarché Politique Français (SPF). Mais j'ai déjà eu l'occasion de déclarer ici que ce n'est pas parce que quelqu'un fait appel à la connerie, qu'il faut l'empêcher d'exprimer ses conneries.

 

 

Il fut un temps (pas si lointain) où le Front National ne refusait pas de faire le coup de poing. Mais il y avait en face des groupuscules que j’ai entrevus, et dont les membres masculins subissaient un entraînement paramilitaire plus ou moins poussé, plus ou moins professionnel. Mais aujourd’hui, qui, en politique, fait le coup de poing ? Qui, en politique, refuse le « jeu démocratique » ? Qui, en politique, conteste les institutions ? PLUS PERSONNE.  

 

 

L’engourdissement a neutralisé, anesthésié, paralysé le politique. Le politique tel qu’il nous est montré hésite entre le spasme et le bâillement, mais un spasme et un bâillement de théâtre. Les hommes qui s’agitent sont passés chez l’habilleuse, la maquilleuse. Ils ont appris le rôle qu’ils ont à réciter, ce sont les « éléments de langage ».

 

 

Dans la coulisse, ils sont entre eux, ils rigolent, paillardent, mangent et boivent aux mêmes tables. Sur scène, chacun avale un balai le temps de la représentation, et s’acquitte de sa tâche. Pas question de se déboutonner. Vivement que le rideau soit tombé ! Qu'on puisse chier le balai.

 

 

Désormais, je ne les qualifierai plus que de « politicards » ou « politicons ». J’ai une fois de plus entendu l'autre matin un de ces salopards soutenir sans que son nez s’allonge que la politique est un métier, une profession, voire une mission, qu’on ne saurait remplir si on « n’y croit pas » profondément, et si on n’y est pas engagé 24 / 24 et 7 / 7. Dire que la politique est un métier fait partie intégrante des immondices, détritus et autres déjections vomies par une démocratie en voie d’extinction.

 

 

Aussi longtemps que ces gens-là considèreront que se mettre au service de la collectivité est une orientation professionnelle à parent tiers, ce gros étron du mensonge sortira de la bouche-anus (c’est une seule et même chose) qui sert d’orifice sonore aux politiculs.

 

 

D’abord, parce que ça signifie que les dizaines de millions qui n’ont pas choisi ce « métier » sont des péquenots, et n’ont pas « voix » au chapitre, sinon par urnes interposées, de loin en loin. Ils n’ont plus qu’à fermer leur gueule. Jusqu’à la prochaine ouverture des urnes.

 

 

Et puis, ce politiclone qui  déclare que diriger une municipalité revient à manager une entreprise, est-ce qu’il n’affiche pas, finalement, le fin du fin de l’idéologie ultralibérale ? Quelqu’un qui dit : « C’est trop technique pour être géré par des amateurs », pour moi, c’est exactement ça, le premier pas vers la mafia dirigeante.

 

 

Les seuls vrais professionnels que je vois, dans le domaine politicru, ce sont les spécialistes, les « experts » si l’on veut. Ceux qui exposent au décideur politicocu les données d’un problème, pour qu’il prenne la meilleure décision possible. Décider, c’est choisir. S’il a réfléchi, il s’appuiera sur l’avis des professionnels pour prendre sa décision, mais il décidera en fonction de la vision qu’il a des choses.

 

 

Et si les « experts » se contredisent, c’est au politicru de trancher, et d’oser prendre ses responsabilités. Il ne saurait confisquer la décision au prétexte qu’elle résulterait de calculs simplement logiques et techniques. Si tout ça est simplement logique et technique, il n’y a qu’à rentrer les données dans la machine, et la décision sortira, évidente et lumineuse. Et le chef ne sert à rien.

 

 

Une autre possibilité reste aux politicrâneurs : donner les clés de la maison aux experts. Dire qu'on s'en lave les mains. Se contenter de la mise en musique de la politique élaborée dans les bureaux des experts, et de courir les plateaux de télévision pour servir en toute occasion les "éléments de langage". Le problème, avec les experts, c'est qu'il leur est impossible de se mettre d'accord : que ce soit sur les dangers qui nous menacent, les perspectives qui s'offrent ou les solutions à mettre en oeuvre, ils sont entre eux dans des bisbilles interminables. On en revient donc au point de départ : qui prend la décision ?

 

 

Un autre politicasseur se défendait énergiquement contre toute « IVRESSE DU POUVOIR », et soutenait que, s’il l’a ressentie au début, il s’en est très vite défait. Vous savez ce que ça veut dire, ce genre de discours ? En fait, que cette ivresse lui est devenue tellement habituelle qu’elle constitue son mode de vie naturel et ordinaire.

 

 

Ça, les spécialistes des addictions connaissent  par cœur. Ça veut dire une seule chose : le sang qui coule dans leurs veines, ce n'est plus du sang, c'est de l'ivresse du pouvoir distillée, comme l'héroïne la plus pure, à 95,5 % dans un laboratoire presque clandestin. Leur sang, il en est chargé à bloc et en permanence, de l’ivresse du pouvoir. Ils sont grave toxicos.

 

 

Le politicrate, il est comme un drogué, d’abord dans la dépendance (c’est le temps où il avoue son état d’ivresse), ensuite dans  l’accoutumance (c’est le temps où il affirme qu’il s’en est débarrassé ; réfléchissez, c’est plus profond que ça n’en a l’air). Plus ça va, plus il lui faut sa dose. Tiens, faisons un essai : voyons comment réagirait le politicornard en cas de sevrage brutal. J’attends le résultat avec la tranquillité que donne la certitude.

 

 

Et il y a des naïfs pour se demander les raisons du succès de thèses et de partis dits « populistes » ! Ces raisons, en dehors des problèmes que pose la réalité économique, il ne faut pas les chercher ailleurs que dans le spectacle lamentable et déliquescent offert par l’ensemble des premiers de la classe qui nous gouvernent.

 

 

Le théorème a la simplicité lumineuse des opérations arithmétiques d’école primaire : « QUAND LE GENERAL EST POURRI, LA TROUPE S’EN REMET A L’ADJUDANT » (j’opte aujourd’hui pour le proverbe nambikwara, si vous voulez bien).

 

 

Traduction : l’électeur qui a perdu la foi se rabat sur la grande gueule. Il paraît et on nous serine que c’est très mal. En gros, il y aurait deux sortes de politicouillons : ceux qui respectent le jeu parlementaire et les autres. Ces « autres », supposons que c’est MADAME LE PEN et, dans une moindre mesure JEAN-LUC MELANCHON. Même s’ils jouent le jeu. Le tout est de bien affirmer qu’ils sont les méchants.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

La suite à demain.

 

 

mercredi, 03 août 2011

DECLARATION D'EXTRÊME OPINION

Jean-Marie Le Pen vient de faire parler de lui en évoquant la « naïveté » du gouvernement norvégien, après la tuerie d’Utheia, sous les coups de feu de Anders Behring Breivik. Cette « naïveté » est, selon le papa de mademoiselle Le Pen, plus grave que la tuerie, qu’il considère comme un « accident ».

 

Voulez-vous que je vous dise ce que j’en pense ? – Eh bien, je vais vous le dire quand même. Monsieur Pascal Perrineau (c’est un « politologue », donc c’est grave, docteur) juge qu’il s’agit d’un « retour du refoulé ». Mais contrairement à ce monsieur, je crois que, d’une part, c’est politiquement nul, et que, pour le simple bon sens d’autre part, c’est tout simplement une belle connerie. Monsieur Le Pen a tout simplement du mal à renoncer à faire parler de lui. Et pour ça, le meilleur moyen, c’est la provocation. Et ça marche.

 

Car c’est un commentaire qu’il destinait à ce que Raymond Barre appelait du très joli nom de « marigot », ce petit milieu parisien, aussi médiatique que politicien. Effet garanti, évidemment. Tous les chiens du quartier se sont jetés sur l’os qu’il a daigné leur jeter, tous rongent à qui mieux-mieux, grognent en retroussant les babines et en montrant les dents.

 

Et c’est à qui grognera le plus fort pour …, pour quoi, au fait ? Tout simplement pour se faire décerner le plus beau brevet possible de « vertu républicaine » par l’ « opinion publique ». Alors que le simple bon sens dicte, dans ces cas-là, de laisser dire. Malheureusement, il y a toujours des fouinards de journaleux qui traînent dans les parages, dans l’espoir de se faire un peu de gras. Ces gens n’ont pas encore bien compris à quoi ils servent.

 

La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, adoptée en 1948, affirme le principe de la liberté d’opinion (article 19). En gros, n’importe quel individu peut penser ce qu’il veut, même si c’est totalement contraire à ce que pense la majorité. Par voie de conséquence, n’importe quel individu peut exprimer ses opinions, en quelque lieu que ce soit et quelles que soient les circonstances. Supposons maintenant que Monsieur Le Pen était sincère (on peut cependant en douter) lorsqu’il a parlé de Anders Behring Breivik. Eh bien, quoi qu’il pense et quoi qu’il déclare, Jean-Marie Le Pen a le droit de le penser et de le déclarer. Bien sûr, tout le monde a le droit de ne pas être d’accord avec ce qu’il pense et déclare, et de le faire savoir.

 

« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire. » Voltaire

 

Je ne suis pas voltairien, mais cette phrase constitue une assez bonne définition de la démocratie, meilleure en tout cas que « le pire des régimes, à l’exception de tous les autres » (Winston Churchill). Le mot central de la citation, c’est le verbe "dire". « Je me battrai », ça signifie « avec des mots », bien sûr. D’ailleurs Voltaire n’aurait pas satisfait aux critères physiques pour se faire admettre dans quelque armée que ce soit pour commettre des actes guerriers. Il était bien plus dangereux avec sa plume.

 

Voilà, je le déclare solennellement : je suis d’extrême opinion. Chacun d’entre nous détient le droit de penser et de dire ce qu’il veut. Même si ce qu’il pense et dit est le pire imaginable. Aussi longtemps que cela reste de l’opinion et de la parole. A cet égard, je trouve hallucinant le consensus pseudo-républicain qui a jailli comme un geyser après la déclaration de Le Pen. Et comment s’appelle-t-il, ce membre que le Front National, qui n’est pas un parti interdit, je le signale, vient d’exclure pour la même raison ?

 

Et je trouve encore plus hallucinant que la loi française crée des délits de parole. Cela veut dire qu’il existerait chez nous des délits d'opinion ? Donc des délits de pensée ? Et ça se passe au pays dans lequel a été adoptée la Déclaration de 1948. Et qui l’a signée. Il est donc interdit de contester, par exemple, même à l’encontre des preuves les plus irréfutables et des témoignages les plus incontestables, l’existence des chambres à gaz ? C’est vrai qu’il y a les preuves et les témoignages, mais justement, pourquoi interdire une telle aberration, puisqu’on sait que c’est faux ? Au nom de quel tabou d'opinion ?